Vidéo de Joseph Bekkari : Ici, C'est Brest. Une explication de notre mouvement.

Argumentaire du collectif pour le maintien de l’Ecole Levot Réunion 30 avril 2010 école Levot

En présence de M. Sawicki, Mme Desprez, Mme Chaline, M. Dauphin
1.      Arguments sur le fond
a) Concernant l’argument de Monsieur Sawicki selon lequel le nombre d’élèves diminue à Brest
·        Nous recentrons cet argument sur le quartier où se trouve Levot, qui en l’occurrence est un des seuls quartiers où la population augmente.
·        La Directrice de la maternelle Levot annonce le nombre d’inscriptions qu’elle a pour la rentrée prochaine en soulignant que sur la même période que l’an passé il est tout aussi élevé, même un peu plus : 45 inscriptions à ce jour alors que les inscriptions sont suspendues à Levot, ce qui, notons-le au passage, EST ILLEGAL !
b) Concernant la restructuration du réseau scolaire, Monsieur Sawicki propose pour nos enfants, les écoles de Pilier Rouge, Sanquer, Forestou, Bugeaud-Guérin, nous lui précisons que :
·        L’école Pilier Rouge n’ouvrira ses portes qu’à la fin du premier semestre 2011 (Sillages, n°139, février/mars 2010), soit près d’un an après la fermeture annoncée de l’école Levot !
·        Les écoles Forestou (1,4 km) et Guérin (969 m) sont fortement éloignées de la plupart des lieux de résidence des familles concernées. Nous demandons à Monsieur Sawicki d’évaluer le temps nécessaire pour un enfant de 3-4 ans pour parcourir à pieds entre 700 m et 1 km. Il ne sait le faire précisément (entre 20 et 30 minutes, soit 40 minutes à 1 h de trajet par jour, voire 1 h 20 à 2 h pour un enfant rentrant chez lui déjeuner !!! Car tous les parents n’ont pas les moyens de payer la cantine…)
La mairie a-t-elle pensé aux conséquences de départs d’enfants vers ces écoles, sur la garderie du PL Sanquer, notamment en termes de perte de rentrées d’argent ?
·        L’école Sanquer souffre déjà d’une surcharge non seulement dans les classes, mais aussi à la cantine et à la garderie. La directrice de la maternelle Sanquer intervient en soulignant qu’il ne lui reste que 8 places à la rentrée ! Le directeur de la Primaire Sanquer souligne que des locaux sont vides dans cette école, mais qu’il faudrait une réfection afin d’accueillir de nouveaux enfants, ce qui reste néanmoins une solution envisageable. En outre concernant cette école, les discours provenant de la mairie sont des plus contradictoires (elle est proposée à certains parents, pas à d’autres, sur quelle base ?).
·        La mairie est dans l'illégalité: certains employés refusent de prendre des inscriptions à Sanquer ou à Levot alors que la décision n’est toujours pas votée !!!
c) En conséquence, les familles se retrouvent dans les situations suivantes : 
  • Devoir se motoriser pour aller conduire et chercher leurs enfants à l’école, au lieu de se déplacer à pieds comme c’est le cas de la majorité des familles aujourd’hui. Car par ailleurs, le quartier est très mal desservi en bus.Nous demandons à Monsieur Sawicki si en tant qu’ancien Vert, l’impact de cette solution sur l’environnement ne le gène pas ? Et si en tant qu’actuel PS, il ne trouve pas une telle solution déplacée dans un contexte de crise économique où les parents n’ont pas les moyens de réaliser un tel investissement?
  • Réorganiser totalement leur quotidien et celui de leurs enfants : déplacements, modes de garde péri-scolaires, horaires de travail, en n’ayant que 3 mois pour s’y préparer.
  • Inscrire leurs enfants dans des écoles aux classes déjà chargées au détriment de la qualité de l’enseignement qu’ils y recevront.
  • Envisager des inscriptions dans les écoles privées du quartier pour les familles les plus aisées. Voilà qui conduirait à une situation tout à fait inédite : la décision d’une municipalité socialiste de fermer des écoles publiques pourrait avoir comme effet pervers de contribuer au développement de la privatisation de l’Education et conduirait à accroître les inégalités sociales.
  • Cette décision menace la scolarisation des tout-petits (2/3 ans) les parents auront le choix entre attendre l'année suivante, aller dans le privé (et payer !) ou aller dans une école hors de leur quartier.
Chaque année, sont inscrits à l'école Levot des élèves (de tous niveaux) qui arrivent en cours d'année scolaire et qui ont été refusés dans plusieurs écoles du centre-ville (République, Jean Macé, maternelle rue de Lyon,...). Ces refus seront  plus fréquents en cas de fermeture de Levot et seront désormais sans solution.

2.      Arguments sur la forme
La décision de fermer l’école Levot a été prise sans concertation avec les citoyens et en particulier les parents d’élèves et témoigne dans la forme de beaucoup de mépris :
·        6 avril, 17 h 30, annonce de la décision sur le site du Télégramme : médias informés avant les instituteurs et avant les parents élus au conseil d’école et absolument pas faite en Conseil d’école comme c’eût été attendu (DDEN pas invités). Pourtant c’est ce qui est prétendu sur le site des élus du PS en BMO et dans le courrier que vous adressez à un membre du collectif daté du 27 avril : « Après avoir rencontré la directrice et les parents d’élèves siégeant au conseil d’école de Levot et avoir présenté cette décision à l’ensemble des parents d’élèves élus aux conseils d’écoles des écoles publiques de la ville »
·        Annonce faite juste avant les vacances en espérant probablement que les parents « oublient » cette information pour préférer passer du bon temps. C’est juste omettre que nous sommes aussi des citoyens et pas tous en vacances !
·        Annonce faite après les régionales, pour éviter au PS de perdre des voix.
·        Pourtant, sur le site de BMO.fr, à la rubrique Jeunesse Education, on peut lire concernant le Projet Educatif Local :
« L'originalité de la démarche réside dans le fait que la Ville et ses partenaires ont souhaité qu'une large concertation s'instaure avec le maximum de personnes agissant dans le domaine de l'éducation ce qui explique l'engagement de la démarche sur chacun des sept territoires définis sur la ville. »
Or la Déléguée Départementale de l’Education Nationale informe que depuis 2005 les Conseils d’écoles demandent à la Ville cette concertation, en vain !
Mépris des citoyens + mépris d’une des règles fondamentales de la communication politique dont nous lui rappelons ou apprenons qu’elle doit se faire en 2 étapes :
1.      Temps du débat : susciter le débat sur un projet de mesure pour que les gens se fassent une opinion         
2.      Temps de concrétisation de la mesure : faire comprendre pour mieux faire adhérer aux décisions politiques
Si nous n’avions pas créé ce collectif, nous n’aurions pas même eu une ébauche de la première étape. A croire que la communication Bulldozer du gouvernement est la source d’inspiration de ces élus !

3.      Au niveau de la politique scolaire :
a) du danger pédagogique des grosses structures
Si le projet de la mairie est de construire des écoles aux larges effectifs, regroupant maternelles et primaires, elle doit savoir aussi qu’elle nuira à la bonne formation pédagogique et sociale de nos enfants. En conséquence :
·        La réussite scolaire dont on peut encore se targuer à Brest risque de disparaître
·        A terme, une augmentation de la violence : dans des écoles aux larges effectifs, nos enfants seront moins bien suivis ce qui risque de favoriser des comportements d’incivilités et que le gouvernement actuel tend à vouloir contenir par la répression alors que la prévention via la formation est sans doute plus appropriée. Rappelons que le rapport d’étude remis à la marie par le cabinet Trajectoires réflexe en 2003 parlait à propos de Saint Marc d’un : « quartier jusqu’alors préservé alors que depuis 2-3 ans émergent des problèmes d’incivilités ». Ce n’est pas en fermant des écoles que nous parviendront à résoudre cette évolution…
b) Incohérences entre les propos et les actes
Nous nous étonnons d’une telle décision de la part d’une municipalité socialiste
·        qui écrivait en mars 2008 dans son journal de campagne : « face aux décisions de l’Etat, au travers de l’Education Nationale, de fermer des classes […] Brest reste fidèle à sa ligne de conduite : offrir un réseau d’écoles de quartier de qualité ». 
·        De même, sur le site de BMO.fr, on peut lire concernant le Projet Educatif Local:
« Pour obtenir une vision claire et objective de l'offre éducative à Brest un état des lieux- diagnostic a été réalisé. Les résultats de cette enquête ont fait apparaître une richesse de l'offre ainsi qu'un certain nombre d'enjeux de l'éducation :
·        accessibilité de l'offre et démocratisation
·        place des parents
·        citoyenneté
·        cohésion sociale
·        réussite scolaire
·        épanouissement des enfants et des jeunes
Partir des territoires pour élaborer un Projet Éducatif de quartier qui contribuera à la construction du Projet Éducatif de la Ville. »
Vous prétendez également qu’une des "grandes orientations" du PEL= "poursuivre les dynamiques éducatives au niveau des quartiers" Vraiment ?
·        le PS prétend défendre les services publics que proximité. Cf. Pierre Maille dans Penn ar Bed n°116 de février 2010 qui souligne la menace que représente la réforme des Collectivités Territoriales telle qu’elle ressort dans le projet du gouvernement: « Quelle démocratie locale voulons-nous ? Celle qui innove, celle qui prend des initiatives, celle qui écoute et répond aux besoins de ses habitants ? Ou bien celle qui exécute les ordres de Paris […] ? Celle qui veille à développer des services publics de qualité ? Ou celle qui réduit le nombre de fonctionnaires ? » L’école maternelle de quartier est un service public de proximité, donc on a l’impression que la mairie de Brest anticipe et exécute d’ores et déjà les ordres de Paris en matière de politique scolaire !
·        D’ailleurs cette incohérence fait ricaner l’Opposition (toutes tendances confondues) qui considère que « même la Droite n’aurait pas fait mieux ! »

La décision de fermer l’école maternelle Levot prise par votre équipe nous semble donc totalement inappropriée et témoigne d’une incohérence politiquement préjudiciable. Or nous rappelons qu’en 2011 ont lieu, dans le quartier de Saint-Marc, des élections cantonales.
4.      Au niveau des emplois :
·        Au sein de l’école Levot, qu’adviendra-t-il des institutrices, des Atsem (Agents Spécialisés des Écoles Maternelles), du personnel de cantine, de garderie travaillant jusqu’à présent au service de l’école Levot ? L’une d’entre elles sera d’ailleurs en retraite dans un an.
·        Quant au personnel enseignant et assistant des écoles Forestou, Bugeaud-Guérin supposées accueillir nos enfants en septembre 2010, sera-t-il en nombre suffisant ? Ou ne risque-t-on pas de disperser et d’entasser les élèves dans différentes écoles pour mieux justifier l’absence de nouvelles embauches (toujours dans la logique de rationalisation des coûts) ? 
A nouveau, ces conséquences négatives ne nous paraissent guère compatibles avec les valeurs affichées par des élus socialistes.

CONCLUSION 
Pour toutes ces raisons, nous demandons à Monsieur Sawicki d’accepter notre demande de reporter d’un an la fermeture de l’école Levot afin que :
·        Le Pilier Rouge ouvre
·        Sanquer puisse peut-être accueillir plus d’enfants ou avoir le temps de s’organiser :
§  Le report d'un an ou + permettrait de réduire le périmètre de l'école Sanquer et ainsi de diminuer petit à petit le nombre d'élèves afin de fermer l'école Levot sereinement,
§  Mais aussi de permettre à une enseignante de suivre le groupe d'élèves (un départ en retraite prévu à République-Sanquer l'an prochain)
§  D’envisager des travaux dans les locaux de Sanquer pour permettre d’accueillir un plus grand nombre d’élèves, conséquence de la fermeture de Levot.
§  Les familles aient le temps de s’organiser
·        Nous demandons également que ce moratoire soit suivi d'une concertation et d'une prise en compte de la situation du quartier (autre école déjà chargée et pas de possibilité d'ouverture de classe à ce jour).

Le collectif pour le maintien de l’école Levot